Je suis Charlie - 8 mars 2015

Soutien à Charlie Hebdo et à l'ensemble de la presse libre ; ci-joint le texte de la chronique écrite par Bruno Guillemin, pour la radio locale Graf'hit, le document audio est téléchargeable à l'adresse « Bande Sonore ».

 

Chers amis de l’écologie, de la liberté, de l’égalité, de la fraternité…. Et de l’émission Un Pas de Côté, sur Graf’hit 94.9,  bonjour

L’actualité, dramatique, commande que j’ajoute ma voix à celles si nombreuses, qui ont condamné l’action des tueurs de Charlie Hebdo.

12 innocents ont perdu la vie dans cet attentat insensé, autant de familles frappés par un deuil brutal, un geste ignoble. D’autres encore gisent entre la vie et la mort.

Que visaient donc ces meurtriers ? Des hommes et des femmes, journalistes engagés, un journal satirique ? Tout cela sans doute, et surtout la liberté de la presse, un bien si précieux et si protégé en France.

La liberté, dans notre pays, c’est celle de pouvoir se moquer de tout et de rien, des dévots de tout poil, par exemple, de recourir au tribunal pour ceux qui s’estiment offensés et, pour la justice, de trancher, à son tour, en toute indépendance.

Voilà des moyens de lutte, le crayon, la parole, la balance, qui honorent nos institutions, et qu’il convient de préserver à tout prix.

Voilà le fondement de notre égalité, le support d’une république laïque, garante de la possibilité pour chacun de vivre selon ses convictions, dans le respect de celles des autres.

Dans notre pays, des millions de chrétiens, de juifs, de bouddhistes, de musulmans, font preuve tous les jours de ce respect, et  ceux-là n’invoquent jamais leur Coran, leur bible ou leur torah pour tenter d’assassiner leur prochain, ils ne veulent que gagner leur vie, élever leurs enfants, dans la paix et la tolérance.

La fraternité, c’est celle qui nous unis, tous, croyants ou non, français dits de souche ou récents immigrés, blancs, noirs, jaunes, dans une France, patrie des droits de l’homme, qui sait faire preuve de tolérance, de générosité, de solidarité.

Oui, nous sommes tous solidaires des victimes de cette folie, tous solidaires de celles et ceux qui luttent jour après jour contre la bétise, la méchanceté, la cruauté.

Oui, nous sommes aujourd’hui, tous, Cabu, Charb, Honoré, Oncle Bernard, Tignous, Wolinski, nous sommes aussi ces policiers frappés à mort pour les avoir défendus….

Non, Charlie n’est pas mort, je dirais même qu’il est encore plus vivant qu’avant. Pour ses meurtriers, la défaite est totale, tout comme elle le sera, toujours, pour ceux qui tenteraient de les imiter.

Déjà des rédactions se mettent à la disposition des rescapés, offrent bureaux, personnel aux survivants pour assurer la poursuite du journal.

Je suis persuadé que de jeunes dessinateurs, journalistes, écrivains, satiristes, se sont déjà mis en route pour rejoindre et épauler cette petite équipe. Des souscriptions sont en cours pour assurer le financement d’un Charlie encore plus drôle, encore plus mordant.

Pour ma part, aujourd’hui, je vais regarder, une fois encore, le film l’AN O1 de Jacques Doillon, sorti en 1973.  Pourquoi donc ?

Parce que Gébé, le créateur de la BD du même nom, fut rédacteur en chef de Hara Kiri, puis directeur de publication de Charlie Hebdo, jusqu’à sa disparition en 2004, et qu’il figure dans la distribution du film aux côtés de tout un tas de jeunes comédiens devenus bien plus tard, des célébrités : Coluche, Depardieu, Thierry Lhermitte, et bien d’autres.

Parce que Gébé, alors dessinateur à la SNCF, a décidé, un jour de printemps, de tout arrêter ("Non ! j’arrête d’aller vendre, à trois heures d’ici aller-retour, huit heures de ma vie") et a voulu voir si ce désir était partageable avec d’autres. L’idée était toute simple : on arrête tout, on fait "un pas de côté", eh oui, UN PAS DE COTé

Parce que, dans ce film culte, figure une bonne partie de l’équipe de Charlie, dont Cabu et Wolinski et je vais les revoir, bien vivants, en comédiens à  contre-emploi, en réactionnaires nostalgiques de l'ordre ancien et du port de la cravate.

Vous voulez, comme moi, faire la nique aux empêcheurs de rire, de critiquer, à tous ces aliéneurs de liberté, voyez er revoyez l’an 01, il est partout sur internet, faites revivre Wolinski, Cabu, Cavanna, le professeur Choron, et jamais les plus fous des extrémistes ne pourront tuer ces images, ne feront disparaître l’utopie magnifique qu’ils défendaient alors, dans une œuvre hilarante, poétique, anarchique !

 

Rendez l’avenir plus radieux


A bientôt sur Graf’hit, avec UPDC.