Pourquoi une cartonnerie à Tracy ?

 

L'Usine que vous pouvez voir à Tracy « Le Haut » est, vous l'ignorez peut-être, la troisième d'une lignée dont l'aînée remonte au XIX ème siècle.

L'Industrie de la brosserie a donné à notre village ses grandes heures dans l'histoire. Elle a aussi, dans son sillage, entraîné l'essor de divers métiers: artisanats, commerces et, plus particulièrement, les cartonneries.
En effet, les brosses de haute qualité, en ivoire, ébène, aux douces soies, exportées outre-atlantique, et même au Japon ( eh oui! ) à l'aube du XX ème siècle nécessitaient des emballages à la hauteur du produit.

Les établissements Gogot, place de la Croix Blanche s'y employaient.
Un outsider, Christophe Zimmermann ( le " Père Zim " ) lorrain ayant choisi la nationalité française après la défaite de Sedan en 1870, vient faire offre de services à Charles Loonen.

Avec l'aide de son épouse, Gainière de son état, ils s'installent dès 1892 rue du Moulin, puis à Nervaise en 1895. Une nouvelle usine est créée. Sa fille et sa nièce participent à la formation des ouvrières pour ce délicat travail qui nécessite de grands soins.

Des écrins recouverts vont ainsi accompagner nos plus beaux produits au départ de la rue des Marais de Nervaise, vers Paris et d'autres continents.

(Une anecdote: les commandes destinées à. l'usine Loonen étaient livrées à l'origine à épaule d'hommes, sur une planche! Puis, les progrès aidant, dans de grands paniers d'osier, à brouette! ).

Une convention est scellée avec la brosserie. C'est bien sûr un contrat d'exclusivité, quasi-léonin ( cf fac-similé joint ).

Ainsi, une vingtaine de personnes, pour .l'essentiel des femmes, vont donner à nos brosses des écrins tout à fait en rapport avec leur qualité.

1914. La grande guerre: le gendre de Christophe Zimmermann, Mathurin Penguen, qui avait repris l'affaire depuis 1909, transporte ses ateliers à Saint-Denis et Levallois. Les machines et le matériel sont transférés, l'encadrement suit, et l'interruption de fabrication est courte.

1920. La guerre est terminée. Les ateliers de Nervaise n'ayant pas trop soufferts, on rentre donc au pays. L'usine Gogot, elle, a été détruite et le «Père» Penguen rachète à ses héritiers les" dommages ".

C'est déjà une absorption d'entreprise !. Cette période d'après guerre, économiquement très porteuse, permet l'expansion de l'usine. Outre les emballages pour les brosses Loonen et Commelin, Mathurin Penguen conclut des marchés avec les bonnetiers de la région d'Amiens et de Moreuil, l'industrie pharmaceutique, les grands magasins ( Printemps et Louvre à Paris ), les bas" Le Bourget", les parfums. Il est dans cette tâche aidé par son fils, Maurice, qui, malgré l'époque difficile des années 1930 décide lui aussi de s'installer rue du Point du Jour le 1er Mai 1932.
C'est l'usine que vous pouvez toujours voir.

Autres temps... autres modes. Maurice se spécialise dans la fabrication des caisses" américaines" en carton ondulé. L'usine de Nervaise suit sa route, fidèle au principe de succession par les gendres, Mathurin Penguen associe René Hilaire à son entreprise avec la création d'une S.A.R.L. en 1948 ; elle vivra jusqu'en 1968.

La fabrication des coffrets recouverts se poursuit. Au demeurant René Hilaire imagine pour les aviculteurs (éleveurs de poulets) un emballage fort ingénieux en carton ondulé pour l'expédition des volailles ( cartons livrés à la demande" à plat" ou non, avec pontet pour éviter l'étouffement des bestioles dans leur transport ).

Ainsi, durant près d'un siècle, une famille a développé son activité et son savoir faire en contribuant à l'essor de notre commune.

Un exploit à signaler, Suzanne Parigal a consacré toute sa vie professionnelle à la cartonnerie de Nervaise. Entrée à l'âge de 12 ans, elle la quittera après soixante années de bons et loyaux services. Un beau record de fidélité !


M.H.P.

 

 

Copie de la convention scellée avec la brosserie.

Copie de la convention est scellée avec la brosserie.