Le 26 novembre1902 s'éteignait, à l'âge de trente ans, en son domicile, rue du Temple, Emile, Georges, Arthur CREPIN, en son vivant, Rentier célibataire.
En date du 20 juillet précédent, il léguait à la Commune, l'ensemble de ses biens par testament ainsi rédigé:
" Je légue à la Commune de Tracy le Val, l'universalité des biens, droits mobiliers et immobiliers qui formeront ma succession, en conséquence,je l'institue pour ma légataire universelle aux charges ci-après :
- De faire la remise, chaque année, d'une somme de CINQ CENTS FRS. à la Demoiselle la plus méritante, âgée de 17 à 22 ans accomplis, et habitant Tracy le Val à cette date, depuis au moins 3 ans.
Le nom de cette demoiselle sera tiré au sort par le conseil municipal.
Pour le cas où plusieurs aspirantes auraient le même nombre de voix, ce sera celle d'entre elles, qui en aura le plus au deuxième tour, qui bénéficiera de la somme.
- Distribuer également le même jour, aux pauvres de la Commune, une somme de CENT FRS, en bons de pain et viande.
Ces distributions ou remises, devront être faites, chaque année, le dimanche qui suivra mon décès.
Les aspirantes devront se faire connaître au moins un mois à l'avance, à charge par la Municipalité de donner la publicité nécessaire.
La succession était importante et, constituée essentiellement par des terres sur les communes de Tracy le val, Berneuil, Attichy,
Saint Crépin, Hautefontaine, Courtieux, Ressons le long, Ambleny, et Montigny-Lengrain, où il repose avec les siens.
Le produit de ces biens vendus aux enchères en 1904, s'élevait à 47.177,36 FRS, soit quelques 800.000 Frs. ( valeur 1993 ) !
Après règlement des droits de succession, cette somme fut tout aussitôt investie en Titres de rente 3%, sur l'Etat Français.
Ainsi naissait le fameux "Leg Crépin" et la tradition de l'élection de nos Rosières Traçotines.
La remise du Leg s'effectuait selon un rite bien précis.
D'abord, l'élection, par délibération du Conseil municipal.
Le critère de " méritante ", vous l'imaginez, donnait parfois l'occasion, dans les débats à des commentaires cocasses...
On cite le cas une année où, parmi les deux candidates, l'une d'entre elles, fille d'un conseiller n'a obtenue qu'une voix.
Devinez l'auteur ?
La remise du Leg s'effectuait à la Mairie. La jeune Rosière venait tout de blanc vêtue, accompagnée par deux fillettes qui portaient la couronne de fleurs blanches.. .
Après un discours, le Maire remettait à la Rosière un livret de Caisse d'Epargne avec les fameux 500 Francs, puis un bouquet.
Un vin d'honneur s'en suivait, parfois aussi une Messe.
La première Rosière fut Blanche Fourdrain, puis l'année suivante une demoiselle Desvergnes.
Cette tradition pittoresque pris fin avant la deuxième guerre, faute d'argent. Le leg n'était pas inépuisable, hélas...
Michel HILAIRE.