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NOTRE RAISON D'ETRE

La mémoire à tendance à s’effriter, voir se perdre à travers les ages.

Nous essayons d’être le « ciment » indestructible qui, résistant aux agressions de la vie, permet de rappeler que l’Homme a su et sait encore se dépasser pour que la patrie ne soit pas qu’un mot.

COMPOSITION DU BUREAU

Suite à l'A.G.de juin 2022

Présidente : Mme MATEOS GALMICHE Nadège
117 rue des marais de Nervaise 60170 TRACY LE MONT 07 77 00 33 77

Vice-président : M. KREGAR René
78 rue du Général DE GAULLE 60170 TRACY LE VAL 03 44 75 25 67

Secrétaire : Mme MATEOS GALMICHE Nadège
117 rue des marais de Nervaise 60170 TRACY LE MONT 07 77 00 33 77

Secrétaire adjointe : Mme ZALAY Claudine
68 rue de la Flouriette 60170 TRACY LE MONT 03 44 75 41 26

Trésorier : M. Jean-Jacques ZALAY

Membres du bureau : M. OBRY Marcel 7 rue Paul Dumont 60170 BAILLY 03 44 75 31 88
M. ALIZARD Christian
97 rue des carrières 60170 TRACY LE MONT 03 44 75 25 74

Porte-drapeau : René KREGAR, Christian ALIZARD, Stéphane SAISON, Jean-Jacques ZALAY

Membre d'honneur : Marcel AUBRY

TRACY LE MONT AU CŒUR DE LA TOURMENTE - SEPTEMBRE 1914

 

Le village aux mains des Allemands

 

Après la bataille des frontières, les troupes allemandes, lancées à la poursuite des armées françaises, font leur entrée dans Tracy le mont, le 31 août 1914 au matin avec la 1ere Division de Cavalerie de la Garde du Kaiser suivie de près par l'infanterie de la 5ème Division. Aussitôt, les Allemands perquisitionnent chaque maison, occupent et pillent les habitations vidées de leurs occupants, réquisitionnent à chaque instant chez les habitants demeurés sur place toutes sortes de denrées et de matériels destinés à leur armée. La loi martiale est instaurée, ainsi que le couvre-feu. Malgré la rigueur de l'occupation, la population, restée en grande majorité sur place, garde son calme. Pourtant, dans la journée, on déplore la mort d'un jeune homme, René Nancel, abattu par un Uhlan, alors qu'il travaillait dans un champ.

Les 7, 8 et 9 septembre 1914, la population, qui est tenue dans l'ignorance des derniers événements, devine néanmoins qu'une grande bataille se livre vers le sud-est de l'Oise, du fait du grondement continu du canon, nettement perceptible, et des lueurs que provoquent, à la tombée du jour, les départs de coups de milliers de bouches à feu tirant sans relâche. Un autre signe de la grande bataille qui se livre: à partir du 8 septembre, les habitants voient défiler sous leurs fenêtres et sur le plateau des convois sanitaires allemands sans cesse plus nombreux, qui acheminent des centaines de blessés plus ou moins graves vers Noyon et Saint-Quentin.

Le 9 septembre 1914, la bataille de l'Ourcq et de la Marne dure depuis près de quatre jours. La menace de rupture de la ligne de combat se précisant, les armées allemandes rompent progressivement le combat, et rebroussent chemin vers le Nord.

A l'Ouest, la 1ère armée, commandée par le général von Kluck, bat en retraite à travers la forêt de Compiègne et celle de Retz. Le 12 septembre, les éléments d'arrière ­garde ont repassé l'Aisne et prennent position sur le plateau de Nampcel. La Ferme du « Tiolet », située à l'extrême aile droite, est transformée en point d'appui. Pour combler le vide à l'Ouest de cette position, von Kluck fait appel à la 43ème brigade de réserve, commandée par le général Lepel. Cette brigade, qui doit prendre position de Tracy le Mont à la ferme de Quennevières, occupant les lisières sud du Bois Saint-Mard, devra ainsi prolonger la ligne de défense établie par les éléments des 17ème et 18ème divisions allemandes occupant le plateau de Nampcel à Autrêches.

 

Une patrouille de Dragons français pris à partie par l'infanterie allemande (Illustration allemande.)

Le 13 septembre au matin, les unités du général Lepel marchent vers le nord, en deux colonnes. Elles atteignent Ollencourt vers 9 heures et occupent Tracy le mont, qui est aussitôt mis en état de défense. Le général Lepel donne ses ordres et veille en personne à la mise en place des unités aux entrées du village. Le château et le parc d'Offemont  sont occupés militairement, les murs crénelés, tandis que les fermes environnantes d'Ecafaut et Moranval reçoivent des garnisons destinées à empêcher l'infiltration des armées françaises débouchant de la vallée de l'Aisne.

 

Vers la libération

 

Au moment même où les unités des 71ème, 72ème et 94ème régiments de réserve prennent position, une reconnaissance française du 6ème Dragons atteint les lisières sud de Tracy le Mont, surprenant les réservistes allemands en cours d'installation. L'équipage de l'automitrailleuse, commandé par le sous-lieutenant Moineau, tire plusieurs salves en direction d'un groupe de la 7ème compagnie du 94ème R.I.R, blessant grièvement le lieutenant-colonel commandant le régiment et abattant son cheval. Mais les Allemands se ressaisissent très vite et déclenchent un tir de mousqueterie particulièrement dense. Quelques instants plus tard, le véhicule blindé français s'immobilise. Les réservistes allemands abattent ses trois occupants, au moment où ceux-ci tentaient de regagner leurs lignes à pied. Les blessés allemands sont emmenés dans l'église transformée pour l'occasion en hôpital de campagne.

Aux environs de midi, les Français du 4ème corps d'armée (général Boëlle), ayant passé l'Aisne à Couloisy, et Berneuil sur Aisne, débouchent en masse au sud du plateau de Nampcel et attaquent, baïonnette au canon. Cet assaut est soutenu à droite par la 61ème D.R qui se dirige vers la ferme Touvent et le village de Moulin sous Touvent, venant de Bitry et de Saint-Pierre les Bitry. Les fantassins français, accablés par les tirs de l'artillerie lourde et des mitrailleuses allemandes, subissent des pertes importantes mais parviennent cependant à emporter les fermes de Moranval et Ecafaut, masquant les débouchés sud de Tracy le Mont. Les troupes allemandes résistent aux assauts français et parviennent même à bloquer leur avance, en contre-attaquant. L’artillerie de campagne française, les fameux 75, entrent en action et écrasent les défenseurs allemands sous un déluge de fer et de feu. Vers 14 heures, après deux heures de combats acharnés, le général Lepel, qui voit croître les troupes françaises de façon inquiétante, décide de replier sa brigade vers Carlepont. Les unités allemandes ayant éclatées en une multitude de petits groupes de combat, les ordres de retraite parviennent difficilement. Ce n'est qu'au soir que la brigade peut enfin se reconstituer, quand chaque groupe a rejoint Carlepont. Dans les bataillons, les réservistes comptent leurs morts.

La rue principale de Tracy le Mont n'est plus que ruines

 

Au moment où l'on reforme les unités, on s'aperçoit que l'ambulance de la brigade est portée manquante. Dans la confusion des combats, l'ordre de repli n'a en effet pas atteint le médecin-chef qui avait placé son hôpital de campagne, en plein affrontement, dans l'église de Tracy le Mont. Au soir du 13 septembre, quand les Français du 130ème RI (4ème corps) libèrent Tracy le Mont, ils découvrent cette ambulance qu'ils font immédiatement prisonnière, capturant également 85 sous-officiers et hommes de troupe.

Alors que la brigade Lepel rattrape la route de Cuts pour rejoindre Blerancourt, des groupes d'éclaireurs investissent prudemment les rues du village. Vers 20 h 30, les troupes françaises occupent entièrement Tracy le Mont.

 

Le lendemain, le Bois Saint Mard, Quennevières et le ravin de Puisaleine sont dégagés. Les fantassins du 104ème RI., le régiment des «Taxis de la Marne », libèrent Carlepont, mais, vers l'est, des combats très durs se livrent sur le plateau de Nampcel, où les Allemands se sont solidement retranchés.

L’avance française se poursuit encore dans la journée du 15 septembre. Les troupes de la 37ème division d'infanterie (général Comby, dépassant Carlepont, atteignent Caisnes, le Bois de la Montagne, le Mont de Choisy, la Pommeraye et Cuts. Les fantassins du 4ème corps (104ème et 115ème R.I.), quant à eux, installent des avant-postes à la ferme du Mériquin pour surveiller la route de Noyon à Blerancourt.

Cependant, les Allemands ont eu le temps d'amener des renforts et les premières unités de la Vllème armée, commandée par le général von Heeringen, vont entrer en action dans la journée du 16 septembre. Dans Cuts et à la Pommeraye, de violents combats opposent les troupes d'Afrique aux régiments du IXème corps de réserve - en particulier les 31ème, 90ème et 86ème R.I.R -, arrivés à pied d'œuvre. Vers 19 heures, les Français sont délogés de la ferme du Mériquin. Les Allemands y capturent 70 prisonniers.

 

 

Tracy le Mont, au Hameau d'Ollencourt, les maisons touchées par les bombardements.

L’arrivée des renforts allemands – Tracy le Mont dans la tourmente

Le 17 septembre, les Allemands reprennent l'initiative des attaques, acculant les troupes françaises sur la défensive. Après plusieurs assauts, ils repoussent les Français de Cuts, La Pommeraye, Laigle et attaquent le Mont de Choisy et le Bois de la Montagne. le général Comby et son état-major, installés dans Caisnes, se retrouvent à peu près encerclés par les troupes allemandes. Ils réussissent à échapper à l'encerclement et à la captivité de justesse, grâce au sacrifice des artilleurs et des zouaves et tirailleurs de la 37ème D.I. et ceux de la 3ème brigade marocaine, accourus à leur secours, qui se frayent un chemin au milieu des vagues d'assaut ennemies convergent vers Carlepont. les troupes du 4ème corps très éprouvées par les assauts allemands ont également été repoussées sur Carlepont. Le 18, les fantassins des 31ème et 86ème R.I.R réduisent une à une les poches de résistance des derniers groupes de combattants français, dissimulés dans les recoins du Mont de Choisy et du Bois de la Montagne. Les soldats de la 37ème D.I. évacuent totalement Caisnes et vont se placer aux lisières du Bois Saint Mard. Les régiments de la 35ème Brigade de réserve allemande sont aux portes de Carlepont, que défendent les éléments du 4ème Zouaves. Malgré une résistance acharnée, où les zouaves disputent aux unités de chasseurs allemands chaque maison, chaque ferme, chaque bout de terrain, les soldats allemands s'emparent du village dans la journée du 19 septembre. La ligne française a été repoussée sur le chemin de Vésigneux à Tracy le Mont et, vers l'est, dans le secteur de la ferme des loges. Dans la nuit du 18 au 19 septembre, le 4ème corps du général Boëlle est retiré de la ligne de feu pour se regrouper aux environs de Compiègne. Ce corps sera engagé quelques jours plus tard sur la rive droite de l'Oise. La 37ème D.I., appuyée à sa droite par la 61ème division de réserve, est chargée de tenir la ligne de l'Oise aux lisières nord-est du bois Saint Mard.

L’avance des troupes allemandes et le recul des armées françaises exposent ainsi directement Tracy le Mont à une nouvelle menace d'invasion et d'occupation... Les Français arriveront-ils à contenir le flot irrésistible des vagues d'assaut ennemies?

Avant l'aube du 20 septembre 1914, le IXème corps de réserve allemand déclenche une attaque générale sur toute la ligne de l'Aisne, depuis Soissons jusqu'à Bailly. Le 84ème R.I.R à pour mission de conquérir Bailly, le 86ème R.I.R doit prendre Nervaise et Ollencourt et les 90ème et 31ème R.I.R Tracy le Val et le Bois Saint Mard.

Dès 4 heures, les troupes allemandes s'ébranlent. Débouchant de Carlepont, elles se lancent à travers le bois Saint Mard, en direction de Tracy le Val en feu, forçant ainsi les habitants du village à s'enfuir vers Tracy le Mont. Le ravin de Puisaleine est enlevé, les fermes des loges, de la Maison Rouge et de la Maison Neuve sont rapidement conquises. Les soldats du 31éme R.I.R s'enfoncent dans le bois Saint Mard menaçant directement Tracy Le Mont. Le 2éme bataillon s'empare de deux batteries d'artillerie françaises échelonnées le long de la route Vésigneux – Tracy le Mont. Le 1er bataillon, qui est parvenu à s'infiltrer, dans l'obscurité et sous le couvert des arbres, à travers le bois, attaque les unités de tirailleurs établies à la ferme de Bimont. Le bataillon Delom, du 3éme tirailleurs algérien, réussit à tenir tête à l'ennemi dans le ravin de Bimont, tandis que six sections de mitrailleuses, placées aux lisières nord d'Ollencourt, stoppent net la progression des groupes d'assaut ennemis.

 

A l'est de Tracy le Mont et du bois Saint Mard, les Allemands se sont emparés de la ferme de Quennevières. En fin d'après-midi, l'attaque allemande marque un temps d'arrêt. Les Allemands n'ont pas réussi à reprendre Tracy le mont aux Français, ni à les repousser sur la rive sud de l'Aisne, mais les Français ont perdu un précieux terrain.

Le 23 septembre, les Français de la 74éme brigade reçoivent l'ordre de prendre l'offensive vers le nord, alors qu'à l'est, la 73éme brigade réussit à progresser en direction de Puisaleine. A 14 heures, le bataillon Demaris atteint Puisaleine et établit la liaison entre les 73ème et 74ème brigades. Les 3ème et 4ème bataillons occupent les tranchées au nord et à l'Est de Nervaise et d'Ollencourt.

Le 25 septembre 1914, la 18ème R.D reçoit l'ordre de chasser les Français installés sur cette position de Nervaise à Tracy le Mont. Mais l'attaque ne débouche pas. A la tombée de la nuit, les combattants allemands ont regagné la ligne établie aux lisières du Bois Saint Mard.

 

Dessin allemand illustrant le combat avec les « turkos » dans le bois Saint Mard.

Le 26, les Français contre-attaquent pour tenter de repousser les Allemands toujours établis aux lisières nord du Bois Saint Mard. A partir du 27 septembre, 11 heures 30, le village d'Ollencourt est bombardé par l'artillerie lourde allemande.

le 28, la 18ème R.D allemande doit reprendre l'attaque contre les positions françaises, avec le même objectif que le 25. A 7 heures du matin, le 86ème R.I.R prend ses emplacements de combat sur le chemin de Tracy le Val - coude de la chaussée Carlepont-Nampcel. Au même moment, un déluge d'obus s'abat sur toute la ligne française. Ce feu d'artillerie, d'une rare violence, écrase tout le village d'Ollencourt et balaye le bois Saint Mard et les positions françaises établies sous le couvert des arbres. A 15 heures 40, les fantassins allemands sortent des tranchées et se ruent sur les positions françaises. Les troupes allemandes réussissent à gagner le carrefour de chemins forestiers, au cœur du bois. Les fantassins de la 37ème D.I. du général Comby, durement éprouvés par les grêles d'obus et de balles, se retirent après avoir éprouvé de sérieuses pertes. Les Allemands organisent aussitôt le terrain conquis.

 

L'attaque reprend le 29 septembre. Mais les Français se sont ressaisis. L’offensive allemande ne progresse plus que très lentement. Le 2ème bataillon du 31ème R.I.R s'empare tout de même de la hauteur 147, atteignant les objectifs assignés.

Le 30 septembre, la 18ème Division de Réserve allemande est relevée par la 34ème brigade d'infanterie.

A compter du 1er octobre, les attaques se ralentissent sans toutefois cesser totalement. Soldats allemands et français se font désormais face, sous des duels d'artilleries permanents. Des attaques locales sont lancées régulièrement pour rectifier la ligne de front, de part et d'autre du saillant de Quennevières.

 

 

Forêt de Laigue, transport de blessés vers Compiègne

Tracy le Mont, n'aura été allemand que 13 jours. Dès le 13 septembre, le village va remplir le rôle de village de soutien aux troupes françaises. Poilus, Zouaves et Tirailleurs côtoient l'habitant jusqu'au mois d'août 1915, date à laquelle les civils seront évacués. Livré aux autorités militaires, le village est bombardé sans cesse jusqu'en mars 1917, date du repli allemand sur la ligne Hindenburg.

Un an plus tard, les Allemands sont à nouveau aux portes de Tracy le Mont. Ils seront une nouvelle fois bloqués aux lisières de la commune. Les caves, les carrières et les habitations servent encore une fois de cantonnements aux combattants pendant les violents combats de juin à août 1918, participant ainsi largement à la victoire finale.

 

Jean-Michel NOWAK     juin 2004