Tracy-le-Mont, berceau de la brosserie de toilette

À la limite de la vallée de l’Oise et de la forêt de Laigue, Tracy-le-Mont est, dans la première moitié du XIXe siècle, un village agricole.

 

Jusqu’en 1840, des tisserands y fabriquent des toiles pour le compte de la filature de l’abbaye d’Ourscamp.

 

 

 

 

 

L’histoire de Tracy prend un virage en 1846 lorsque les bâtiments de l’ancienne filature sont repris par un industriel parisien. Il crée la première manufacture susceptible de répondre à un marché nouveau et en plein essor : celui de la brosserie.

 

 

Il trouve sur place une main-d’œuvre dotée d’une certaine habileté manuelle car habituée au travail dans les filatures, et qui s’adapte parfaitement à la fabrication des brosses.

 

 

Autre atout : seule la brosserie de Tracy, en 1850, utilise le chemin de fer pour se rapprocher du marché parisien. La bourgeoisie parisienne apprécie particulièrement ces fabrications originales qui rentrent dans la catégorie des « articles de Paris ».

 

Peu à peu et jusqu’en 1914, Tracy-le-Mont devient la plaque tournante de la production et de l’exportation de la brosserie fine, c’est-à-dire de brosses de toilette, brosses à habits, brosses à moustache, brosses à dents, brosses de bébé, brosses à cils…

 

Des brosses en os, en ivoire, en ébène, en olivier garnies par des soies végétales ou animales (soies de porc, chèvre) sortent de ce pôle de production.

 

Charles Loonen, brossier traçotin, parvient à donner à son entreprise un rayonnement mondial. Il multiplie les comptoirs de vente en Angleterre et à New York et accumule les récompenses aux expositions universelles pour ses modèles originaux.

 

En 1900, sa passion pour le Japon le conduit à en écrire des monographies et à mettre la main sur une usine concurrente à Osaka dans laquelle des Traçotins iront travailler.

À son apogée, la brosserie Loonen emploie 2 000 personnes, soit autant que le nombre d'habitants du village.

 

Avec son concurrent de Beauvais, Tracy détient 45 % de la production française de brosserie fine avant 1914.

 

Au total, une dizaine de brosseries vivront à Tracy durant une centaine d'années utilisant une main d’œuvre essentiellement féminine, travaillant en usine mais surtout à domicile pour 60 à 75 % de l’effectif.

 

 

 

 

Depuis 1983, les défenseurs de la mémoire des brossiers de « l’Association pour le musée des Brosseries de l’Oise - AMBO » se mobilisent pour créer un fonds patrimonial.

 

 

Aujourd’hui, ce « trésor des brossiers » réunit 10 000 objets dans un mini musée provisoire que l’on peut visiter sur rendez-vous : outils, machines, matières premières, nombreuses collections de brosses produites dans l’Oise depuis 1845, témoignages de brossiers et archives d’entreprises.

 

On peut parler d’un véritable trésor des brossiers de l’Oise et l’AMBO recherche des mécènes prêts à aider à la naissance d’un musée pérenne afin de sauver définitivement une part de l’identité industrielle des Isariens.

 

 

Le château des amendes

 

Le village porte toujours les traces de cette histoire patrimoniale.

On peut encore voir l’ancien château du brossier Loonen appelé autrefois le « château des amendes » par les ouvriers (devenu aujourd’hui le centre de réadaptation cardio-vasculaire Léopold Bellan). La légende raconte que le château aurait été construit à l’aide des amendes nombreuses infligées aux ouvriers par les contremaitres - pour leur retard par exemple.

 

Une brosse à chapeau, symbole atypique de l’histoire de Tracy

 

L’AMBO possède une brosse singulière qui porte les stigmates de l’histoire du village.

 

Tracy est très marquée par la guerre de 14/18. Le front est à 1,5 km du village.

Les dégâts matériels sont nombreux dans le village. La brosserie Loonen est détruite en mars 1918. À côté, la brosserie Carré subit elle aussi le bombardement.

 

Après la guerre de 1914/18, le brossier René Carré trouve dans son atelier une brosse dans laquelle s'est planté un éclat d’obus.

À la veille du 100^e anniversaire de la guerre de 1914, cette brosse à chapeau, de modèle Louis XVI (modèle créé à Tracy et surtout destiné à l'exportation vers les États-Unis) devient le symbole à part entière de l’histoire de Tracy et du déclin de la brosserie.

 

Cartes postales sur l’industrie brossière à Tracy au lien suivant :

https://picasaweb.google.com/105198937655461069535/Brosserie?gsessionid=mh5-gE0DZoNaDrODWbMd1A

 

Site de l’AMBO : www.ambo.fr