Les calvaires de Tracy le Mont

 

Pas moins de cinq calvaires veillent sur Tracy-le-Mont.

Ils sont les témoins vibrants de la vie sociale du passé. Parmi ceux-ci, deux sont plusieurs fois séculaires.

On peut en effet les dater de la fin du XVIIIème siècle, et portent les noms de familles donatrices. Ils sont un peu jumeaux. En pierre calcaire de pays, montés sur des socles imposants circulaires ou carrés, sur lesquels s’élance une colonne avec au sommet du chapiteau, une croix métallique. Elles sont témoins, comme il va suivre, d'anecdotes parfois savoureuses ou liées à l’histoire. La première nommée, croix Guinant, se situe à l’intersection de la rue de Nervaise et de la rue des marais de Nervaise. C’était un lieu de procession mariale, chaque 15 août. Un autel y était installé avec l’aide et la créativité des habitants du quartier. La fermière voisine s’appliquait chaque année à réaliser la plus belle décoration. Perchée au sommet de son échelle, elle laissait apercevoir ses mollets, malgré les longues jupes de l’époque. Il n’y avait là, point malice, mais les commentaires allaient bon train... Ce à quoi elle répondait : « C’est d’el chair là comme ailleurs ! ».

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Calvaire de la Croix Guinan

 

Le deuxième calvaire situé à la sortie du village, vers la ferme de Quennevières, porte le nom de Croix Boulanger. Dans les temps anciens et sans doute jusqu’au milieu du XIXème siècle, il était l'ultime étape de la procession des Rogations (1). En pleins champs, sur la ligne de front durant la première guerre, il a été fort endommagé. Durant le conflit de 14-18, séparant les lignes françaises et allemandes, il fut témoin de combats violents. C’était un repère. On disait dans le camp français : « Y z’ont passé l’croixBoulanger » ou « Y z’ont reculé derrière l’croix Boulanger ». Il est pourtant toujours debout, bien que fort abimé. La commune et un mécénat a permis sa restauration.

 

Deux autres calvaires ont été érigés à Ollencourt :
L’un, sans doute du XIXème siècle, à l’entrée du village, sur la route venant de Compiègne, n’a pas de particularité. Il a subi pourtant, il y a quelques années, une bien singulière aventure : Des malandrins, pensant sans doute se trouver face à un Christ en bronze ont purement et simplement scié la croix de bois et ont tout emporté. Hélas, le métal en question n’était que vulgaire fonte, peinte à la couleur du bronze. La croix de bois, retrouvée dans la forêt voisine, a été remontée et un nouveau Christ réinstallé.

calvaire entrée village

 

L’autre de petite taille, totalement en pierre de pays, est sans doute le plus ancien des cinq. Il trône au milieu de la place, bien nommée, « de la Croix blanche ». Il est tellement humble, qu’il ne semble pas avoir connu un destin particulier à notre connaissance.

calvaire-croix-blanche Calvaire de la Croix blanche

 

Enfin le dernier, de très grandes proportions, a été érigé au centre du cimetière communal, lorsque ce dernier a été transféré de la cour de l’église, à l’extrémité de la rue de la Vesne !
Vers les années 1850-1870. C’est toujours un Christ monumental, en fonte, cloué sur une croix de bois restaurée fin 2001. Il fait le bonheur de quelques abeilles qui ont installé leur domicile à l'intérieur. Les travaux de restauration ne les ont pas effarouchées et nous pouvons encore les voir s'affairer autour de cette résidence, pour le moins exceptionnelle.

Voilà les témoignages du passé que peuvent apporter nos calvaires, qui ont bien leur place dans la mémoire et le patrimoine communal.

MHP

 

1) Les Rogations étaient trois journées de prières publiques entre Pâques et l’Ascension pour la réussite des semailles dans les champs. Elles se traduisaient par des processions à travers la campagne et la bénédiction des plants et des sols, par le curé du village.